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Belette commune

Photo : Annick Pironnet - Fagne Wallonne 2003

Le bruit des pas résonne sur le caillebotis Soudain, une impression fugitive : quelque chose a bougé sous le pied. Arrêt immédiat, souffle retenu. Non. Rien. Une erreur. La marche reprend, prudente cependant. Et là, oui, pas de doute, elle apparaît, quelques mètres plus loin, petite tête claire jaillissant entre les planches. Et pfft! Disparue. Pas pour longtemps, elle revient, plus près. Et repart. Pour mieux ressurgir, à quelques pas seulement. Curieuse, elle observe l’étrange animal sur deux pattes qui lui fait face.

Rassurée par l’immobilisme de la « bête », elle se décide à sortir et l’imiter, se mettant sur ses pattes arrière, présentant la toison claire de son ventre avant de disparaître à nouveau. Le spectacle va durer un quart d’heure. Merci, Dame Belette. Mais qui êtes-vous exactement ?

Classification, groupe biologique : 

Embranchement : Vertébrés
Classe : Mammifères
Ordre : Carnivores
Sous-ordre : Fissipèdes
Famille : Mustélidés
Sous-famille : Mustelinae
Genre : Mustela

Ses noms et chiffres :

Nom scientifique : Mustela nivalis.
Nom français : Belette commune.
Nom néerlandais : Wezel
Nom anglais : Weasel
Noms wallons : Marcotte, Bassecolète, Bèrcolète, Marlouwète.

La Belette appartient à la famille des Mustélidés au même titre que l’Hermine, le Putois, la Fouine, la Martre et le Blaireau, pour ne citer que les espèces présentes en Wallonie.

La Belette est le plus petit carnivore d’Europe. La femelle a une taille inférieure à celle du mâle. Celui-ci a une longueur totale de 20 à 30 cm dont 5 à 6,5 cm de queue et pèse de 60 à 170gr.

Une morphologie particulière :

Avec un museau plutôt obtus et de courtes oreilles rondes, la « Petite Belle » porte bien son nom. La fourrure, brune sur le dessus, blanche en dessous, s’éclaircit en hiver. Souvent confondue avec l’Hermine, c’est la queue, longue et terminée par un pinceau noir chez cette dernière, qui permettra de différencier aisément ces deux espèces très proches.

Le corps musclé, fin, allongé, presque cylindrique et la petite taille de la Belette lui permettent de se faufiler dans les galeries de rongeurs pour y chasser. Le diamètre d’une pièce de 2 Euros suffit à lui laisser passage !

Ajoutez à cela une dentition pourvue de canines bien développées, les crocs, et de deux dents jugales particulières, les carnassières, et vous obtenez le portrait d’un prédateur hors pair.

Spécialisée et ubiquiste :

La Belette est une grande spécialiste de la chasse aux petits rongeurs : souris, mulots et surtout campagnols représentent la majeure partie de ses proies. Elle complètera son menu avec quelques oiseaux, batraciens ou petits insectivores comme les taupes ou musaraignes.

C’est, avec l’Hermine, le plus carnivore de nos mustélidés. Les rongeurs peuvent représenter jusque 99% de son alimentation. La Belette se rencontrera donc là où les rongeurs sont suffisamment abondants, c’est à dire presque partout, des plaines céréalières de Hesbaye au Plateau des Hautes Fagnes en passant par les vergers, parcs, bois ou prairies.

Une vie de Belette :

La Belette se déplace aussi bien de jour que de nuit, parcourant son domaine à la recherche de proies que ses sens développés (vue, odorat et ouïe) lui révèlent. Cette technique de chasse demande, contrairement à l’affût, énormément d’énergie et notre mustélidé doit trouver deux petits campagnols chaque jour afin de subvenir à ses besoins. Ceci explique la grande variabilité de la taille de son domaine vital en fonction de la quantité de proies. La surface de ce domaine peut varier de 1 à 25 hectares pour le mâle, polygame, et recoupe les domaines, plus petits, de plusieurs femelles.

Pour débusquer ses victimes, la Belette explore systématiquement toutes les cavités ; c’est d’ailleurs une expérience amusante que de suivre des traces de mustélidés dans la neige et d’observer l’attrait qu’exerce sur eux un simple piquet. Une puissante musculature lui permet de rattraper sa proie qui sera tuée d’une morsure au cou, brisant net la colonne vertébrale.

Le gîte de la belette est généralement souterrain et souvent garni de poils et plumes prélevés sur ses proies. Là, au printemps, la femelle mettra bas, après 35 jours de gestation, 3 à 9 jeunes selon l’abondance de nourriture. Fait exceptionnel chez les carnivores, la Belette peut avoir une deuxième portée lors d’années riches en micro-mammifères. Comme, de surcroît, les femelles atteignent leur maturité sexuelle dès 4 mois, elles peuvent mettre des petits au monde à la fin de l’été, ces mêmes années. La capacité de reproduction des belettes est donc particulièrement élevée. Les jeunes resteront avec leur mère jusqu’en été, puis, l’hiver approchant, chacun reprendra sa vie solitaire et affrontera le froid et la faim seul. Car malgré une espérance de vie de 7 à 8 ans, de nombreux jeunes (75 à 90%) ne survivront pas la première année, victimes de parasites, du manque de nourriture durant l’hiver ou de la prédation par le renard, le chat sauvage, la martre, la fouine ou les rapaces aussi bien diurnes que nocturnes et ce, en dépit des sécrétions répulsives des glandes anales.

Petite Belle mais grand nuisible:

C’est en tous les cas la réputation qu’elle a. Voici la description que l’on peut lire dans un livre, datant apparemment des années 1950 ou plus, intitulé « Les professeurs de l’école de gardes-chasses de Namur vous parlent… » : «l’est un animal farouche, colérique, batailleur, très curieux, hardi et courageux. Il attaque le chien, et même l’homme, notamment quand l’un d’eux, blessé, crie de douleur et appelle ses congénères. »

Pour piéger cet animal démoniaque, le même livre recommande l’emploi de belettières, cages dans lesquels l’animal trop curieux pénètre sans plus pouvoir sortir, de sentiers d’assomoirs, de pommes sophistiquées à la noix vomique, de petits oiseaux strychninés, …

Mots du passé, dépassés ? Cela reste à voir… Pourtant, la Belette, très spécialisée, jouerait un rôle déstabilisant sur les populations de micro-mammifères lors des années ou ceux-ci pullulent et ne s’approcherait des basses-cours que pour chasser les rongeurs attirés par les graines. Elle était, en Grèce antique, l’animal familier, chasseur de souris, bien avant l’avènement du chat au Moyen Age. Alors, vraiment nuisible ou… utile ?

La Belette en Hautes Fagnes :

Photo : Annick Pironnet


Utile ? Nuisible ? Tiroirs où l’homme, égocentrique, range les animaux. Belle, tout simplement, ais-je envie de dire. Quel plaisir de voir cet agile animal se faufiler entre les planches des caillebotis ! L’occasion de l’apercevoir n’est pas fréquente car c’est surtout l’Hermine qui habite les landes tourbeuses du Haut Plateau. Ces deux petits mustélidés laissent souvent des traces de leur présence : fientes torsadées déposées bien en vue afin de marquer le territoire ou empreintes dans la neige. Mais de toute évidence, Dame Belette a trouvé, sous les caillebotis, un micro-écosystème au milieu de la fagne, offrant le gîte et le couvert et permettant, de temps à autres, de montrer sa vivacité et sa souplesse à ces humains décidément bien empotés !

Texte et photos: Annick Pironet
Extrait de "Hautes Fagnes"

Bibliographie :

R. Collard et V. Bronowski : « Guide du Plateau des Hautes Fagnes » - Les Amis de la fagne 1993
R. Petitfrère et Dr. Ramoisy : « Les professeurs de l’école des Gardes-Chasses de Namur vous parlent… » - Delporte
C-Ph. Mermod et P. Marchesi : « Les petits carnivores » - Série « comment vivent-ils ? » Volume 19 – Atlas Visuels – Payot
R. Hainard : « Mammifères sauvages d’Europe » - Delachaux et Nièstlé - 2001

Sites internet consultés :

http://mrw.wallonie.be/dgrne/ong/refuges

http://mrw.wallonie.be/cgi/dgr...

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