Flore
CARTE D'IDENTITE.
Nom scientifique: Narcissus pseudonarcissus L.
Nom français usuel: Jonquille.
Nom néerlandais: Wilde narcis ("narcisse sauvage").
Nom allemand: Gelbe Narzisse ("narcisse jaune").
Noms wallons: Dié-so-l'âne (à Malmedy et Stavelot) (à cause de la présence de bouquets de jonquilles sur l'autel le dimanche des Rameaux, en alternance avec des bouquets de buis); Pupe (à Waimes); Poré (à Sourbrodt); Fleûr du Pâke (à Pont).
La Jonquille est une plante à fleurs de la famille des Amaryllidacées. Cette famille est riche d'environ 1.000 espèces dans le monde. Beaucoup sont cultivées pour l'ornement. En Belgique, il n'y a que deux autres genres d'Amaryllidacées: le Perce-neige (Galanthus L.) et les Nivéoles (Leucojum L.). Seule la Jonquille est indigène en Belgique avec certitude. Elle appartient au genre Narcissus L., qui, outre un grand nombre de variétés et d'hybrides, compte environ 25 espèces réparties en Europe, dans le nord et l'ouest de l'Asie et dans le nord de l'Afrique.
ETYMOLOGIE.
Le substantij Jonquille n'est apparu en français qu'en 1596, d'abord au masculin sous la forme iouquille. Il est emprunté à l'espagnol
junquillo, "petit jonc".
Narcissus était déjà le nom grec du genre, du grec narkaô, "endormir", car l'ingestion ou le parfum des narcisses causerait un assoupissement douloureux.
Pseudonarcissus, "faux narcisse", parce que le vrai narcisse est celui des poètes, Narcissus poeticus L. C'est lui qui résulte de la transformation de Narcisse, jeune homme d'une beauté éclatante, mort de consomption en contemplant son reflet dans l'eau, en châtiment du décès de la nymphe Echo, qu'il avait causé par son dédain (ou par amour pour sa sœur défunte qu'il croyait voir dans l'eau, suivant une autre version).
SIGNES PARTICULIERS.
La Jonquille est une plante herbacée, de 20 à 40 cm de haut.
Les feuilles sont toutes dressées à la base de la plante, groupées par deux à cinq. Elles sont longues et étroites, d'un vert bleuté, avec des nervures parallèles.
La tige, dressée elle aussi, est aplatie et marquée en longueur de deux angles.
La fleur, penchée vers le sol, est isolée a l'extrémité d'un court pédoncule. L'enveloppe florale jaune est constituée d'un tube terminé par six lobes (tépales) égaux et étalés, d'un jaune plus clair, et porte en son centre une couronne cylindrique d'un jeune plus foncé, au sommet évasé et lobé ou denté. La fleur renferme les deux sexes: six étamines et un ovaire infère à trois loges surmonté d'un mince style au stigmate à trois lobes.
Le fruit est une capsule, c'est-à-dire un fruit sec qui s'ouvre à maturité.
Les plantes indigènes en Belgique ressortissent à la sous-espèce
pseudonarcissus. Mais on cultive souvent dans les jardins la sous-espèce major
(CURT.)BAKER, plus robuste et à fleur plus uniformément jaune.
Le Narcisse des poètes (Narcissus poeticus), à couronne jaune pâle bordée de rouge et à tépales blancs, est une espèce distincte, originaire des montages d'Europe méridionale.
VIE DE LA JONQUILLE.
La Jonquille est une plante vivace. Elle fleurit de mars à avril (et même mai). Les feuilles, la tige et la fleur se fanent rapidement et disparaissent dès le mois de mai. La plante survit jusqu'au printemps suivant par son gros bulbe.
LA JONQUILLE DANS LA NATURE.
La Jonquille pousse jusqu'à 2.150 mètres d'altitude (dans les Pyrénées). Il lui faut un sol plutôt humide et plutôt acide.
Elle peuple, en général, des forêts à humus doux et des prairies, en Ardenne surtout des prairies fraiches et même certaines fagnes. C'est une plante caractéristique des prairies à Fenouil des Alpes, issues de l'ancienne pratique agro-pastorale de l'abissage.
L'espèce se rencontre dans toute l'Europe occidentale, vers le nord jusqu'aux Pays-Bas. En Belgique, elle est assez commune en Ardenne et dans les districts mosan et brabançon ; elle est rare en Gaume et absente ailleurs.
L'HOMME ET LA JONQUILLE.
Diverses espèces et des hybrides du genre Narcissus sont cultivés pour l'ornement des parcs et des jardins.
La fleur de Jonquille a été employée jadis dans la Wallonie malmédienne pour teindre les œufs de Pâques en jaune.
La Jonquille est une plante vénéneuse, essentiellement dans ses parties souterraines, aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Elle est la cause d'un empoisonnement bénin qui est provoqué par des alcaloïdes toxiques (narcissine) et dont les symptômes sont une grave gastro-entérite avec vomissements et, éventuellement, des convulsions. Le traitement doit être effectué par un médecin et requiert une surveillance étroite.
Le bulbe de Jonquille a été utilisé autrefois, tout comme les fleurs, contre l'épilepsie, les convulsions, les fièvres intermittentes. Ses propriétés vomitives étaient déjà connues des Anciens.
Bernard RAUW.
Extrait de "Hautes Fagnes" n° 213 - 1994/1.