Flore
CARTE D'IDENTITE
Nom scientifique : Vaccinium uliginosum L.
Nom français usuel : Myrtille de loup ou Orcette.
Nom néerlandais : Rijsbes ("baie de brindille").
Nom allemand: Rauschbeere ("baie d'ivresse") ou Trunkelbeere ("baie d'ivrognerie").
Noms wallons: lu frambâhî d'tchin ou d'leûp (Verviers), frambêhe du leûp (Malmedy).
La Myrtille de loup est une plante à fleurs de la famille des Ericacées (cf. Hautes Fagnes, 1993, no 1, pp. 14-17).Cette espèce fait partie des quatre représentants indigènes en Belgique du genre Vaccinium. Les autres sont l'Airelle, la Canneberge (cf. Hautes Fagnes, 1993, no 4, p. 98) et la Myrtille.
ETYMOLOGIE.
Vaccinium est l'ancien nom latin, d'origine pré-romaine, des airelles et des myrtilles. Uliginosus signifie "des lieux humides, un peu tourbeux".
"Myrtille" est la traduction du latin Myrtillus, diminutif créé au 16ème siècle en raison de la ressemblance des feuilles et des fruits de myrtiile et de myrte.
SIGNES PARTICULIERS.
La Myrtille de loup est un sousarbrisseau de 15 cm à 1 m de haut, à feuillage caduc.
Les tiges et les rameaux sont cylindriques et brun grisâtre.
La feuille est simple. Son limbe est souple, entier, sans dents, de forme ovale-arrondie au sommet obtus (de 1 à 2,5 cm de long), avec la face superieure vert pâle, mate, et la face inferieure glauque.
Les fleurs sont groupées par 4 ou 5 au sommet des rameaux de l'année précédente. Chaque fleur renferme les deux sexes, au sein d'une corolle blanche ou rougeâtre en forme de grelot.
Le fruit est une baie bleu noirâtre pruineuse, d'environ 6 mm de diamètre, à chair blanchâtre.
La Myrtille de loup se distingue de la Myrtille (Vaccinium myrtillus L.) essentiellement par les rameaux, le limbe foliaire et la fleur (cf. tableau).
MYRTILLE DE LOUP | MYRTILLE | |
Rameaux | Grisâtres, cylindriques. | Verts, anguleux. |
Limbe foliaire | Obtus au sommet. Glauque bleuâtre dessous. Entier | Aigu au sommet. Vert sur les deux faces. Finement denticulé. |
Fleurs | Groupées par 4-5 au sommet des rameaux de l'année précédente. Corolle blanche ou rougeâtre | Généralement solitaires à l'aisselle des feuilles. Corolle blanc verdâtre ou rose |
VIE DE LA MYRTILLE DE LOUP.
La Myrtille de loup est un petit arbrisseau qui survit à l'hiver grâce à des bourgeons situés au-dessus du niveau du sol et peut vivre jusqu'à 90 ans.
De mai à juiliet, les fleurs s'épanouissent sur les rameaux de l'année précédente. Elles sont fécondées par des insectes transporteurs de pollen (hyménoptères, lépidoptères).
Les graines contenues dans les baies germeront au printemps ou à l'été suivant, parfois bien loin de la plante-mère, grâce au transport involontairement assuré par les animaux qui ingèrent les fruits.
LA MYRTILLE DE LOUP DANS LA NATURE.
La Myrtille de loup croit jusqu'à 1.500m. d'altitude et plus (on cite même 3100 m).
I1 lui faut un sol tres humide, très acide, tourbeux, peu ombragé par des arbres. Elle s'accomode parfaitement des landes et des tourbières, ainsi que des bois de bouleaux sur tourbe.
C'est une espèce boréo-montagnarde, qu'on rencontre dans les zones tempérée et froide de l'hémisphère nord. En Belgique, sa répartition est limitée à la Haute Ardenne, où elle est assez rare, et aux plateaux du reste de l'Ardenne, où elle est tres rare.
Les Myrtilles de loup des Hautes Fagnes abritaient jadis les chenilles d'un papilion boréo-alpin, la sous-espèce europome ESPER du Colias palaeno L. Ce papilion a disparu des milieux fagnards vers 1950. Cette disparition serait due à une phase climatique marquée par l'apparition précoce et répétée de périodes de gel important avant l'établissement d'une couche de neige suffisante, seule capable de protéger convenablement les jeunes chenilles réfugiées au pied de la Myrtille de loup. Deux essais de réintroduction, en 1959 et en 1970, se sont soldés par un échec.
L'HOMME ET LA MYRTILLE DE LOUP.
La dégustation des baies de la Myrtille de loup est, en général, peu appréciée, car leur chair doucereuse est de qualité bien inferieure à celle des Myrtilles.
Leur consommation en grande quantité pourrait méme causer des vertiges et des migraines.
En Sibérie, on les faisait fermenter, après quoi on les distillait pour obtenir de l'alcool. En France, on a utilisé leur jus pour colorer le vin.
Bernard Rauw
(Extrait de "Hautes Fagnes" n° 215 - 1994-3)