Flore

Orchis des Sphaignes

Photo : Annick Pironet

CARTE D'IDENTITE. 

Nom scientifique : Dactylorhiza sphagnicola (Höppner) Soó

Nom néerlandais : Veenorchis.

Noms allemands : Moor-Knabenkraut.

L’Orchis des sphaignes est une plante à fleurs de la famille des Orchidacées, famille qui compte environ 20.000 espèces répandues dans toutes les régions du globe, particulièrement dans les zones tropicales et équatoriale. En Belgique, les Orchidacées comptent une cinquantaine d’espèces, toutes rares à très rares et protégées par la loi.

ETYMOLOGIE.

Le terme dactylorhiza, du grec dactylos, « doigt », et rhiza, « racine », fait allusion au fait que chacun des deux tubercules est profondément divisé en deux parties allongées qui peuvent suggérer des doigts. Orchis, du grec orchis, « testicule », se réfère à la forme des tubercules. Sphagnicola signifie « qui croît dans les sphaignes ».

SIGNES PARTICULIERS.

L’Orchis des sphaignes est une plante herbacée de 20 à 50 centimètres de haut.
La tige est plus ou moins creuse et compressible.
Les feuilles, non maculées, linéaires à lancéolées, longues de 10 à 25 centimètres et larges de 1 à 3, sont plus ou moins étalées et atteignent rarement la base de l’inflorescence.
Les fleurs sont roses à purpurines, en épis longs de 5 à 10 centimètres, comprenant de 15 à 50 fleurs.
Comme la plupart des espèces du genre Dactylorhiza, l’Orchis des sphaignes est très difficile à déterminer pour un non-spécialiste. Sa distinction en tant qu’espèce indépendante a longtemps été discutée, certains auteurs refusant de le distinguer d’autres espèces du genre.
C’est essentiellement par ses feuilles non maculées et par sa tige plus ou moins creuse, compressible, que l’Orchis des sphaignes se distingue de l’Orchis tacheté.

VIE DE L’ORCHIS DES SPHAIGNES.

L’Orchis des sphaignes fleurit en juin-juillet. C’est une espèce vivace, qui passe l’hiver à l’état de tubercule souterrain.

L’ORCHIS DES SPHAIGNES DANS LA NATURE.

L’Orchis tacheté croît jusqu’à 600 mètres d'altitude dans le nord-ouest de l’Europe, du nord de la France au sud de la Scandinavie.
On le rencontre dans les marais tourbeux acides, souvent dans les parties les plus mouillées, au milieu des sphaignes, en pleine lumière, mais aussi dans certains endroits ombragés et détrempés des boulaies marécageuses.
En Belgique, il est rare en Ardenne, très rare en Campine, inexistant ailleurs.
Ainsi que l’indique le morcellement de sa répartition actuelle en Europe, l’Orchis des sphaignes a subi une forte régression à la suite de la réduction ou de la disparition de ses biotopes par drainage et mise en culture, mais aussi à cause de recolonisations forestières spontanées. Les sites belges, souvent compris dans des réserves naturelles, paraissent actuellement moins menacés. Mais il semble que l’abaissement hydrique et l’eutrophisation des tourbières créent une menace importante pour l’Orchis des sphaignes, qui entre ainsi en concurrence avec d’autres espèces de Dactylorhiza, comme l’Orchis tacheté, qui résistent mieux à ces variations du milieu et s’hybrident avec lui.
L’Orchis des sphaignes est une espèce dont la conservation constitue une priorité particulière en Wallonie puisqu'elle y possède quelques-unes de ses principales populations. Il devrait, d’un point de vue législatif, passer l'annexe B (protection des parties souterraines) à l'annexe A (espèce intégralement protégée) de l’arrêté royal du 16 février 1976.

Texte : Bernard RAUW

BIBLIOGRAPHIE :

COLLARD (R.) et BRONOWSKI (V.), le Guide du Plateau des Hautes Fagnes. Bruxelles, l'Octogone, 1993.

COUPLAN (François), Dictionnaire étymologique de botanique. Lausanne, Delachaux et Niestlé, 2000.

DE LANGHE (J.-E.), DELVOSALLE (L.), DUVIGNEAUD (J.), LAMBINON (J.) et VANDEN BERGHEN (C.), Nouvelle Flore de la Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg, du Nord de la France et des Régions voisines (Ptéridophytes et Spermatophytes). Meise, Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, 1983.

DELFORGE (P.) (coll. COULON (F.), DEVILLERS (P.), DUVIGNEAUD (J.) et WALRAVENS (E.)), Orchidées de Wallonie - Évaluation de la situation de treize espèces menacées ou devant faire l'objet d'une attention particulière. Les Naturalistes Belges, 1998.

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